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Pourquoi pas toi ?

Photo de Jikabo
Photo de Jikabo

Attention, chère lectrice, lecteur adoré, cet article est un piège, et si tu le lis jusqu’au bout il est possible que tu te retrouves contributeur de Saxifrage – ou contributrice, ce sera selon ton humeur.

Tu dois savoir que le journal casse-pierres est fabriqué par des bénévoles, sans carte de presse ni aucun droit particulier à se saisir de l’information locale et du débat d’idées. La rédaction, l’iconographie, la maquette, le pliage, la diffusion, sont l’œuvre, gratos et amateure, de gens comme toi et moi. Comme moi, cela va sans dire, puisque présentement c’est moi qui taquine le clavier. Mais aussi comme toi, et ça va mieux en le disant.

Nous autres, comité de rédaction – à savoir une demi-douzaine d’individus ordinaires, de tous âges et de tous statuts sociaux – n’avons pas la science infuse. Nous n’avons ni le temps ni les moyens de développer à nous seuls un regard critique et informé sur le territoire que nous habitons. Par ailleurs, nous avons à cœur d’abattre les spécialisations qui nous assignent à des postes, des places, des fonctions. Or, chacun chacune d’entre nous, et d’entre vous, est connaisseur de son canton, spécialiste de sa spécialité, experte de son jardin secret. La connaissance, tu l’as, autant que nous, et notamment sur d’autres sujets que les nôtres.

Tu peux, redisons-le, nous envoyer des dessins de presse ou des photos. Tu peux aussi, bien sûr, envoyer un texte, éventualité à la fois plus évidente et plus compliquée. Car se pose alors le problème de la rédaction. C’est souvent là que le bât blesse, que bloque la velléité de contribution qui peut, avoue-le, parfois te caresser. Là encore, ne te laisse pas abuser par le produit fini que tu tiens entre tes mains, par la version publiée de nos articles : c’est là le fruit d’un travail collectif, invisible, insoupçonnable, la partie immergée de l’iceberg dont tu ne vois, par définition, que la face publique, éditée. On ne publie pas nécessairement les textes tels qu’on les a reçus. Voici, pour te donner une idée, le parcours d’un article, du désir initial à sa publication dans nos colonnes.

Une lectrice, ou un lecteur, qu’on appellera Camille, a, par son métier, ses déplacements, son hobby ou ses engagements, en tant que parent d’élève, usagère, administré ou habitante, un point de vue sur un sujet, dont l’intérêt dépasse sa petite personne, qui est susceptible de titiller la curiosité, le sens de l’humour ou l’esprit critique d’autrui. Un point de vue, c’est à la fois une connaissance et un avis, c’est ce qu’on voit d’un certain point, celui qu’on habite, c’est la base d’un savoir chaud, issu du vécu. Camille a le désir de partager sa science, son expérience, son expertise, son opinion, sa découverte. Ce désir est la base de tout, que son fondement réside dans la colère, l’amour de l’art ou le loisir personnel : sans lui, le futur article est nul et non avenu. Animé par ce désir, Camille écrit un texte. Comme elle veut, comme il peut, comme ça vient. Possiblement, ce n’est pas encore un article, cela peut être juste un document, un témoignage, une opinion, un brouillon. Camille l’envoie à Saxifrage (par mail et en format texte, c’est le mieux). Par pudeur ou par prudence, il peut le signer d’un pseudonyme, elle peut même ne pas le signer du tout.

Lors de la réunion suivante (qui peut tarder à venir), tout le comité de rédaction lit son texte, comme tout ce qui nous est adressé. Si le texte n’est pas jugé publiable en l’état, il fait l’objet d’une co-écriture – on appelle ça le toilettage. Tu l’auras constaté en observant la diversité de styles et de tons sévissant dans nos colonnes : il ne s’agit pas de normaliser, lisser, standardiser le texte reçu. Mais plutôt d’en saisir l’intention, le propos, la singularité, pour affirmer plus nettement son parti pris latent, pour lui donner plus de densité, plus de relief, plus de cohérence et plus de percussion. Notre vocation de média local collectif et indépendant passe par cette fonction d’écrivain public, au service d’une parole tierce (la tienne, rappelons-le). Et si jamais on trahit dans le détail, c’est par fidélité à l’ensemble.

Toiletter un texte, c’est parfois le densifier, le raccourcir, ajouter les liens logiques ou les repères temporels qui lui manquaient, améliorer la ponctuation, éviter les répétitions, nommer plus précisément les choses, clarifier une notion, poser un adjectif. Ce sont des opérations assez simples pour qui, parmi nous, en a l’habitude, et il y en a même dans le comité de rédaction qui se régalent de contribuer anonymement à cette écriture à quatre mains. C’est un certain savoir-faire, et tu as le droit de prétendre (nous) écrire sans pour autant le maîtriser : on s’en charge.

À cela, on ajoute une mise en forme facultative, le chapeau introductif et les intertitres si le texte est long. Enfin, nous intervenons parfois sur ces deux lieux stratégiques d’un article, qui font beaucoup pour sa qualité : la chute, pour terminer le texte de façon efficace et cohérente, et surtout le titre. Sur ces retouches, si elles sont nombreuses et pas purement techniques, Camille sera consultée, le texte fera plusieurs va-et-vient si nécessaire. Il n’y a guère que le titre sur lequel le comité de rédaction demande un blanc-seing, car chaque titre s’inscrit dans cet ensemble chamarré, qu’on appelle la titraille, et qui est la marque de fabrique de Saxifrage, par-delà l’individualité de chaque auteur et la singularité de chaque article.

Bien sûr, le comité de rédaction se réserve le droit de refuser une proposition, partant de l’idée que nos refus font le prix de la qualité de nos choix. Mais si un envoi ne donne pas lieu à une suite, ce ne sera pas parce que le texte n’était pas assez bien écrit. Encore moins parce qu’il comprenait trop de fautes d’orthographe : n’aie aucun complexe en la matière, l’orthographe, nous en faisons notre affaire au moment de l’édition. Et nous nous efforçons de dire pourquoi un texte n’a éventuellement pas été retenu. Quand on ne le fait pas, ce n’est pas un silence diplomatique gêné, c’est qu’on est sous l’eau et qu’on a oublié : on te l’a dit, on est des gens comme toi et moi.

Après, la maquette vient enjoliver tout ça, l’iconographie donne un relief différent, un clin d’œil, un regard appuyé ou décalé. Et l’article publié peut quelque peu différer du texte envoyé par Camille, mais sans Camille, l’article n’aurait jamais vu le jour, et le pire c’est qu’on ne se serait même pas rendu compte de son absence. Pour qu’on sache ce qu’on aurait manqué, il faut bien que tu nous l’écrives.

Chiche ?

La rédaction de Saxifrage sera heureuse de recevoir vos propositions de textes, de photos, de dessins et de sons.

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