Éditorial
Saxifrage a comme vous, ces derniers mois, assisté au déferlement électoral. Le grand cirque médiatique, les révélations nauséabondes, l’épouvantail de service, le candidat du système qui nous vend le changement, l’espoir pendant quelques jours de voir les lignes bouger, le naufrage socialiste, les débats sur l’abstention et cætera. Finalement peu concernés par ce spectacle toujours renouvelé mais toujours semblable, par ces choix en trompe-l’œil, par ce résultat prévisible : il faut que tout change pour que rien ne change, mais beaucoup plus par notre avenir commun, notre vie et celle de nos enfants, nous nous posons la question de notre utilité. L’oligarchie, comme disait Gramsci, « s’est assurée le consentement d’énormes masses de citoyens, elle est à la direction intellectuelle et morale de nos pays, pas seulement de l’État, mais des médias, des universités, des mairies… » Face à cela, notre petite fleur, petitement mais obstinément, fleurit. Rendre compte des expériences, des résistances qui çà et là se font jour. Relater l’accueil des réfugiés, les difficultés des agriculteurs ou donner la parole à un groupe de femmes, autant de sujets qui nous concernent tous, dans la vraie vie, nous les vrais gens comme disent les politiques. Dénoncer, bien sûr, les réalisations de ce système mortifère, mais aussi mettre en lumière les solidarités, les combats que vous menez, sur votre territoire, dans vos fermes, dans votre travail, dans votre quartier, votre village, sur scène ou dans la rue. Et rencontrer aussi ceux qui ne nous ressemblent pas.
Face à Big Brother qui envahit nos vies, à la marchandisation, la robotisation, la numérisation, que sais-je encore… notre petit réseau, parmi d’autres, s’incruste et persévère. Ce n’est pas toujours facile. Dans l’équipe, nous avons connu des départs, des arrivées, des bouclages à la bourre, des engueulades, des rigolades… la vie quoi ! Deux ans déjà, huit numéros parus, le neuvième sur le feu, l’aventure continue. En sus, une bonne nouvelle : trois des nôtres vont avoir un bébé. Bienvenue dans ce monde de brutes.