Éditorial
Vous ne l’ignorez plus, Saxifrage traverse une période de turbulences judiciaires, attaquée en diffamation par Didier Sirgue, gérant du circuit automobile d’Albi, pour le dossier que le n° 13 a consacré au sujet. Mais ce coup d’aiguillon, nous rappelant la méchanceté du monde en la personne de monsieur Sirgue, a eu des vertus inespérées. À toute chose, malheur est bon, comme dit le proverbe. Tout d’abord, l’avantage de pouvoir compter ses amis, et compter sur ses amis. Le moment est venu, de façon cérémonieuse et imprimée, de les remercier.
Merci donc, aux 41 personnes, à l’heure où nous mettons sous presse (selon l’expression consacrée), qui ont versé leur écot immatériel mais ô combien précieux, sur le site de la cagnotte en ligne Leetchi, riche à ce jour de 1 120 euros. 41 personnes dont certaines ont poussé la modestie (à moins que ce ne soit la crainte de se compromettre à nos côtés) jusqu’à signer leur générosité d’un pseudo obscur, comme WX YZ.
Merci à l’Association des riverains de l’autodrome d’Albi-Le Séquestre, qui, considérant que la survie de Saxifrage n’était pas étrangère à la défense de sa cause, nous a gratifiés d’un soutien de 250 euros.
Merci au tout jeune café associatif O'Filao qui a accueilli sans ambages la soirée de soutien du 7 juin, au 5, rue Gabriel Pech, à Albi. Un lieu éminemment fréquentable, et une équipe de bénévoles et d’habitués généreux, chauds au cœur et la main à la pâte.
Merci aux personnes qui ont honoré ce moment fort de leur présence, et de leur ruissellement pécuniaire en payant notre péage à l’entrée (en fait, l’obligation de s’acquitter des trois euros en échange du n° 15), et bien souvent, en donnant beaucoup plus. La fête aura permis de réunir 1 500 euros environ, entre restauration, abonnements, dons et autres largesses. Mazette ! Des fois, en plus, les fêtards sont venus dès 14 heures pour nous aider à plier nos mille exemplaires. Au final, plein de gens différents, des saxi-fidèles, des nouvelles têtes, des jeunes, des vieux, des riverains du circuit, des ruraux descendus de leur cambrousse, des gosses.
Merci aux groupes qui ont joué pour l’amour de la presse libre – par ordre d’apparition : Double Hapax, qui a entamé son concert de pneuma zeugma rock’n’roll par la version musicale de notre manifeste, l’exergue de notre une, également en écoute sur notre site ; Polyssonne, chorale pétroleuse rouge et noire, qui juste avant était encore plongée dans la confection marathonienne des 150 sandwiches du stand restauration ; et, pour un finale enlevé, Manivelle, zone à danser, où en outre officient deux de nos contributeurs adorés. En plus, on retrouvait là le casting de la fête de sortie du n° 1 en 2015 – à part les polysonnes, qui n’étaient pas nées à l’époque.
Merci à Simon Baconnier, l’ingénieux du son de la Lune Rouge à Verfeil-sur-Seye, accessoirement interprète et compositeur de la version musicale du « Thermidor » paru dans notre n° 12, qui (comme en 2015) a sonorisé tout ce bazar – à part les polysonnes, qui ont du coffre et donnent de la voix sans artifice technique.
Merci à la fromagerie des Cabrekes, à Monestiés, qui nous a offert deux gros kilos de son chèvre frais – pour les sandwiches des polysonnes. Merci à Crep’o’Rama qui nous a fait cadeau d’un bon paquet de crêpes, à Vaness et ses moelleux au chocolat, au trio de rois mages excentriques qui a joué les cantinières. Merci à celles qui s’en sont régalées, à ceux qui s’en sont goinfrés.
Merci aux anciennes abonnées qui nous sont revenues, aux nouveaux abonnés assoiffés de scandale, à celles et ceux qui ont signé pour cinq numéros ou plus, rien que pour soutenir la presse libre ou emmerder les notables ombrageux, même quand ils pensaient que Saxifrage est un brûlot de gauchistes, ou un journal fait par des petits bourgeois, ou une putain de revue intello, ou une feuille de chou tropicale aux dimensions exagérées, ou que c’est écrit trop petit.
Merci aux colporteurs, aux essaimeuses de mauvaises graines, aux VRP bénévoles, qui répandent Saxifrage comme une traînée de poudre partout où ils passent, partout où elles sentent une faille hospitalière pour nos racines tordues.
Merci aux lecteurs, aux lectrices qui préfèrent la presse sulfureuse au CO2 des sports bitumés – et là, pour le coup, toi qui tiens cette espèce de nappe imprimée entre tes bras trop courts, tu peux te sentir directement visé, voire visée, par ce dernier remerciement, si jamais tu ne l’étais pas par les autres.
Et pour tout ça, merci au triste Sirgue !